Geneviève Koechlin est comédienne et metteur en scène du Théâtre du Même Nom.
Elle est venue animer avec beaucoup de bonne humeur et d’énergie un atelier théâtre de 2 heures le mardi 09 juin dans le cadre de la Semaine de la Mixité.
L’objectif était d’interroger les stéréotypes des filles et des garçons sur les deux sexes.
Nous avons tous des idées toutes faites dans nos têtes sur les filles et les garçons.
L’idée de départ était d’en prendre conscience, de les exprimer, de les confronter aux autres, d’en jouer.
Les 4eA ont participé activement aux diverses propositions de la comédienne.
Cet atelier a permis des échanges riches et spontanés. La parole a pu circuler librement.
Les élèves se sont sentis à l’aise dès le départ et ont collaboré de manière active aux différentes étapes du cheminement de l’atelier.
La première étape consistait à briser la glace en faisant un exercice en cercle autour des prénoms des élèves.
Chacun devait appeler un autre élève du cercle en faisant passer en même temps une intension, un sentiment.
La deuxième étape après la parole était plus corporelle. Les élèves se sont mis par équipe (mixte ou non).
Ils devaient établir un contact physique par une épaule par exemple en poussant leur partenaire.
Ils devaient faire contre poids et changer de position : passer au dos à dos, passer au contact de l’autre épaule etc.
Seule une équipe a accepté de le faire de manière mixte.
La troisième étape de l’atelier a été de définir par équipe non mixte le plus gros défaut du sexe opposé !
Voici les résultats :
Les filles trouvent que chez les garçons le pire est d’être macho, jaloux, trop sûr de soi. Certains n’ont « que de la gueule » !
Les garçons eux trouvent que le pire chez les filles c’est quand elles se mêlent de tout pour chercher des embrouilles, quand elles s’occupent trop de leur physique et quand elles sont violentes !
Geneviève Koechlin propose aux filles et aux garçons qui le souhaitent de se mélanger pour mettre en scène des situations en rapport avec un de ces plus gros défauts.
Chaque groupe à quelques minutes pour réfléchir à la mise en scène.
La consigne est donnée d’être attentif en tant que spectateur et de ne pas intervenir.
On apprend autant quand on regarde que quand on joue !
Chaque groupe sera amené à partager ses impressions et l’ensemble des spectateurs pourra ensuite réagir pour dire ce qui a été réussi et donner une suggestion pour améliorer la scène.
Certains groupes pourront rejouer la scène en l’améliorant.
Voici les situations jouées par les élèves :
1. Deux filles sont sur un banc. Elles se font virer par deux garçons qui arrivent et qui veulent la place. Les filles se laissent faire. Les garçons disent « Elles ne sont que des bonnes ! »
2. Une bagarre éclate entre deux filles à cause du maquillage.
Deux garçons arrivent pour les séparer.
3. Deux filles discutent de leurs coiffures sur un banc.
Des garçons arrivent. Ils friment en se battant devant les filles.
4. Un garçon et une fille sont sur un banc. C’est un couple.
Deux autres garçons viennent chercher le garçon du banc pour un exercice de physique.
Un autre garçon s’assoit sur le banc et commence à la draguer.
Son copain se montre jaloux et la surveille de loin.
Quand il revient il empoigne le garçon qui a voulu prendre sa place.
La question suivante est alors posée : et si on inversait les rôles entre filles et garçons ?
La scène est ensuite rejouée avec un garçon volontaire pour clarifier les rôles.
La fille qui quitte le banc se montre confiante quand elle s’éloigne de son copain.
Quand elle revient elle réagit verbalement et avec ironie pour reprendre sa place auprès de son copain.
Point intéressant : elle accuse la fille et non pas le garçon.
Plusieurs questions sont alors posées :
Les filles et les garçons ne semblent pas avoir les mêmes stratégies de défense.
Les garçons réagissent rapidement par une violence physique contrairement aux filles.
Est-ce que les garçons ne seraient jamais tenus pour responsables dans ce type de situation ?
C’est comme si c’était toujours la fille qui était fautive … étrange !
5. Trois filles sont installées sur un banc. Elles parlent de maquillage.
Un garçon s’installe avec elle et les interroge.
Elles le laissent en plan en disant « On n’est pas libres. »
Est-ce que les garçons ne pourraient pas se rapprocher des filles autrement que pour les draguer ???
6. Deux filles sont sur un banc. Deux garçons s’approchent d’elles.
Ils les provoquent : « Elles ne sont pas capables de nous mettre par terre. »
Les filles se lèvent et commencent à se battre.
La question du réalisme de la scène est posée : est-ce que des filles réagiraient ainsi ? C’est peu probable !
Elles resteraient sur la défense verbale probablement et essayeraient d’interroger le pourquoi de cette provocation auprès des garçons.
L’ignorance est également une arme efficace pour les filles dans certains cas.
Petit bilan à la fin de l’atelier
Les filles et les garçons déclarent bien s’entendre.
Les filles ont réagi aux clichés que les garçons avaient d’elles : elles ont reconnu que quelquefois elles sont trop attachées à leur image, que certaines s’énervent pour rien. Elles pensent que leur violence existe envers les garçons mais qu’elle est plutôt verbale et qu’elle est plus défensive qu’offensive.
Les garçons quant à eux ont reconnu qu’on pouvait juger certaines de leurs attitudes comme machos, que parfois ils manquaient de confiance dans les filles et pouvaient se montrer jaloux et possessifs dans leurs relations amoureuses.
Chacun et chacune semble être capable de reconnaître ses défauts… et c’est déjà une grande qualité !
Bilan des enseignants
Ce qui a été frappant en tant que spectateur c’est que les improvisations amenaient les élèves à s’exprimer plus par le corps que par la parole.
Les situations menaient rapidement à des conflits physiques.
Cette observation avait déjà été faite par Mme Parageaud et M. Spatz dans un atelier théâtre avec la moitié de la classe des 4A.
Les relations homme/femme ou garçon/fille seraient-elles avant tout conflictuelles ?
Le fait d’accepter de faire équipe volontairement avec une personne du sexe opposé est rare à cet âge, même quand on aborde le thème de la mixité !
Enfin, la mise en scène symbolique des relations garçons/filles par ces jeux dramatiques a pu mettre à jour un certain nombre d’attitudes que nous avons intégrées par notre éducation et qui sont véhiculées par notre société : la passivité des filles dans certaines situations où les garçons s’imposent par force, le sentiment de possession des garçons vis à vis des filles dans une relation amoureuse, la difficulté de s’intéresser à ce qui semble réservé à l’autre sexe (ex : le maquillage)…
Les relations amicales entre garçons et filles semblent rares et difficiles à 13 ans.
Et avant ? Et après ?
Nos écoles sont mixtes mais finalement chacun reste de son côté !
La prise de conscience est la première étape du chemin…
Ensuite chacun est libre de reproduire ces pensées et attitudes… ou d’y résister !
Christine Dubocage
« J’ai trouvé cet atelier très sympa.
Les élèves ont profité de leur liberté de parole et se sont bien investis dans le sujet.
Bravo à eux. »
Marie Parageaud
Bilan des élèves
Voici les réponses au questionnaire des 4A.
LA MIXITE
Cet atelier a eu lieu pour la Semaine de la Mixité.
Mais au fait d’après-toi depuis quand les écoles sont-elles devenues mixtes en France ?
vers 1850/60 : 3 vers 1960/1970 : 17 vers 1980/90 : 3
Et les cours d’EPS en France ?
vers 1930 : 5 vers 1960 : 9 vers 1990 : 9
Qu’est-ce que la mixité apporte d’après toi au collège ?
« Elle construit l’égalité homme-femme ». « L’égalité entre tous. » « Des points de vue différents et l’égalité. » « La mixité apporte plus d’égalité. » « Une meilleure entente entre les filles et les garçons, pour être plus proches. » « Elle permet de ne pas avoir de différence d’enseignement, de ne pas se sentir différent par rapport à l’autre sexe, de se faire des amis garçons autant que des amies filles. »
« Elle apporte la confiance garçon-fille ». « Elle apporte des rencontres amicales et amoureuses. » « On partage la même chose. » « De travailler en groupe mixte comme dans le monde professionnel. » « Ca nous prépare pour plus tard : au travail il y aura des hommes et des femmes. » « Ca prouve que tout le monde est « égaux ». « De montrer que les filles sont aussi intelligentes que les garçons ! »
« Ca évite les discriminations. » « De l’amitié ». « Des couples. » « Une bonne entente entre filles et garçons. » « Des couples, des amitiés et des problèmes (ça met de l’ambiance !) » « Le partage. »
Qu’apporte la mixité en EPS ?
« De l’entraide. »(2 fois) « Du travail en groupe. » Ca permet de voir que l’on peut faire du sport de manière mixte. » « On peut tous faire les mêmes sports. » « Plus d’égalité et ça nous permet un choix plus large de sports. » « De ne plus différencier les équipes masculines et féminines. » « Nous les filles, nous sommes aussi fortes que les garçons ! » (2 fois) « Montrer qu’un sport n’est pas que pour les garçons (football) ou que pour les filles (danse) mais que tout le monde peut participer. » « On apprend à être avec des filles. » »Ca permet de constater que les filles ne sont pas forcément en-dessous des garçons. » « Il y a une différence de niveau qui entraîne une certaine entraide. » « De montrer que les niveaux sont équitables. »
Est-ce qu’elle (te) pose parfois des problèmes ?
oui : 6 non : 17
Merci de préciser ta réponse :
Pour les oui, voici les réponses :
« Les profs de sport privilégient les garçons. » « Les garçons sont un peu violents pour des sports comme le foot ou le basket. » « En EPS, ce sont souvent des sports brutaux (foot). » « Je suis un peu timide avec les filles. » » Dans certains sports c’est gênant. » « Oui à cause des moqueries en EPS. »
L’ATELIER THEATRE
Est-ce que tu avais déjà pratiqué le théâtre avant ?
oui : 12 non : 11
Si oui, dans quel cadre :
à l’école / au collège : 8 en club : 2 autre : 3 (cours particuliers pour 1, sinon non précisé)
Comment envisageais-tu cet atelier?
Tu avais envie d’y participer :12
Pourquoi ?
« J’aime le théâtre. » (4 fois) « Je n’en avais jamais fait. » « J’avais envie de voir comment c’était. » » C’est bien parce que ça nous apprend à maîtriser des émotions et à faire plus connaissance. » « Cela peut nous montrer quels préjugés nous avons les uns par rapport aux autres et nous pousser à se mettre à la place de l’autre. » » J’aime jouer le jeu, ça m’a intéressé tout de suite. » « Je voulais voir ce qu’était vraiment le théâtre. » « Ca permet de découvrir autrement ses camarades. »
Tu n’avais pas envie d’y participer : 6
Pourquoi ?
« Parce que je n’avais pas apprécié la fois d’avant. » « Je n’en avais jamais fait. » « Je pensais que ça n’allait pas être bien. » « Je n’aime pas trop faire des sketchs et me donner en spectacle. » « J’avais peur de monter sur scène et le public l’avait vu. » « Je n’aime pas le théâtre. »
Autre : 4
Pourquoi ?
« Je n’aime pas le théâtre mais je l’ai fait pour essayer. » « J’appréhendais, ce n’est pas mon truc. » « J’avais peur et envie en même temps. » « J’avais envie mais je n’osais pas car je suis timide. »
Est-ce que l’atelier t’a plu :
oui : 23 non : 0
Pourquoi ?
« On a tous ri. » (6 fois) « C’était drôle et intéressant. » (3 fois) « On a pu se dévoiler (nos pensées). » « C’était une belle expérience. Les activités étaient nouvelles. » « Personne ne jugeait personne. » « On ne peut pas s’ennuyer et ça nous apprend des choses. » « Ca nous a permis de mieux nous connaître. » « On a appris beaucoup de choses. » « J’ai tout aimé. » « J’ai appris des choses sur la mixité. » « On était entre amies. » « On a pu découvrir un peu plus les garçons et on osait dire ce que l’on pense d’eux et inversement. » « Ca permet de découvrir autrement ses camarades. »
Qu’as-tu pensé des différentes étapes de l’atelier ?
L’exercice sur les prénoms et les intentions : Difficile (2 fois), Assez bizarre (1 fois), AB (4 fois) mais un peu dur (3 fois), un peu ennuyeux à la longue mais drôle au début (1 fois), B (4 fois) mais j’ai eu un peu peur (1 fois), trop bien (1 fois), super (1 fois), « Ca nous aide à être moins timide » (1 fois), « Ca fait décompresser » (1 fois), « ca nous a fait rire » (1 fois)
L’exercice de contact (on se pousse) : drôle (5 fois), « ca permet de se défouler et de montrer sa force (1 fois), « Bien » (1 fois), « sans plus » (4 fois), « je n’ai pas (trop) aimé » (2 fois), « Ca permet de se libérer » (1 fois), « Ca nous oblige à régler notre force » (1 fois), intéressant (2 fois), « sympathique, physique, pratique pour apprendre à coopérer » (1 fois) », « facile » (1 fois), « je préfère avec une fille » (1 fois)
La mise en scène du plus gros défaut par équipe :
« Les défauts étaient exagérés mais drôles » , « j’ai adoré la mise en scène », « je n’ai pas aimé », « c’était assez dur mais nous a fait montrer beaucoup de choses », « c’était super ! On a pu voir nos défauts. » « c’était super et très drôle de voir comment les autres nous voient » (4 fois), « Super, cette activité était ma préférée ». « On a beaucoup ri avec les mises en scène des garçons. » « difficilme d’improviser mais génial tout de même », ‘le meilleur moment », « c’était étrange de jouer le rôle d’une fille », « trop bien », très drôle et intéressant (2 fois) , « Ca nous oblige à faire confiance à nos camarades », « Génial, ça m’a permis de jouer différentes émotions et personnes ».
Est-ce que l’atelier t’a paru difficile ?
oui :1 non : 20 moyen : 2
Merci de préciser ta réponse :
« Faire passer une émotion est difficile », « J’ai vite trouvé de l’inspiration « , « au début nous étions un peu timides, du coup c’était plus difficile », « c’était facile, on était entre amis », « Jouer le plus gros défaut était difficile ».
Est-ce que tu as trouvé que cela t’a permis de mieux connaître tes camarades ?
oui : 8 non : 15
Merci de préciser ta réponse :
Pour oui :
« On pense des choses sur les autres qui ne sont pas vraies », « Ca permet de savoir ce que les élèves pensent des autres », « on a vu comment les autres nous voient », « les garçons voient ce que les filles pensent et c’est réciproque », « Ca permet de connaître la personnalité des autres », « On n’est plus aussi timides maintenant ».
Si on organise un autre atelier théâtre, que pourrait-on améliorer ?
« Il faudrait plus de temps » (4 fois), « Faire une vraie scène et créer une vraie histoire avec toute la classe », On pourrait améliorer les scénarios », « la concentration », « moins de timidité et plus d’enthousiasme (chez les élèves) ».
Autre remarque éventuelle :
« J’ai préféré la 1ère séance », « Merci c’était super », « Trop cool ! », « Finalement j’ai plus confiance en moi et je serai prête à refaire du théâtre ».
Un grand merci pour vos réponses détaillées et très intéressantes !
Christine Dubocage